De l’art contemporain chinois – 15 artistes-peintres chinoises à la Galerie 99

De l’art contemporain chinois – 15 artistes-peintres chinoises à la Galerie 99

Yuan Yaomin Pose 3

Yuan Yaomin "Pose 3" (c) Galerie Faeth

La Galerie 99 se trouve au cœur de l’Allemagne, à Aschaffenburg pour être exact. Si, à l’aide d’un sondage, on cherchait à savoir quel genre de programme la Galerie 99 propose, personne ne trouverait probablement la bonne réponse.

Le propriétaire de la galerie, Peter Faeth s’est spécialisé dans l’art chinois contemporain et est fidèle à ce programme depuis une bonne dizaine d’années déjà. Le nom 99 (prononcé neuf, neuf) est le nom chinois du fils de Faeth, qui est né en 1999. Le chiffre 99 signifie en chinois « pour toujours et à jamais ». Le 9 est aussi le chiffre de l’empereur. Le palais de l’empereur à Beijing comporte par exemple 9999 pièces. Voilà pour ce qui est du petit mystère autour du nom de la galerie.

Une bonne raison donc, pour fêter ce jubilé comme il se doit. Et puisqu’on ne dit jamais deux sans trois, trois expositions sont organisées cette année à Aschaffenburg pour fêter cet évènement dignement. La première sur la liste est l’exposition « 10 :15 ». Le chiffre « 10 » fait référence aux premières années d’existence de la galerie, le « 15 » est le nombre d’artistes qui y exposent. Par ailleurs, les chiffres symbolisent l’heure matinale.

L’exposition met en scène un concentré d’énergie féminin chinois : elle montre un spectre très large d’art graphique et de peinture contemporains et est en tant que telle certainement unique en Allemagne, mais probablement aussi au-delà des frontières de ce pays. Faeth ne jure pas par des noms qui circulent dans la scène artistique internationale. Il fait confiance à son propre goût et compte sur ses relations. La plupart de ses artistes sont diplômés des beaux arts à Pékin, où y travaillent comme enseignants. Les expositions de Faeth ne font pas venir en Allemagne que les œuvres, mais également leurs créatrices et créateurs. Ce que fait Peter Faeth, c’est un échange culturel qui ne fait pas grand bruit, mais dont la longévité est d’autant plus remarquable. Dix années de travail suivi en sont la preuve impressionnante.

Liu Liping, Yang Yang et Pan Yin sont trois artistes, choisies parmi les autres, qui ont développé un style personnel très particulier. Liu Liping travaille à la CAFA (Central Academy of Fine Arts) à Pékin. Elle travaille sur deux sujets en particulier : L’un d’entre eux est la nature. L’artiste représente la fleur de lotus, tant chargée de symboles dans son pays à tous ses stades de floraison, à toutes les saisons. La fleur de lotus symbolise dans son pays la pureté absolue et la perfection. L’autre sujet de ses travaux est le nu féminin.

liu liping lotus im winter

Liu Liping "Lotus im Winter" (c) Galerie Faeth

Les deux œuvres « Lotus en hiver » et « Pierres dans la neige » montrent à la perfection l’approche de la peinture par l’artiste : celle-ci tente par le Réalisme, qui pourtant n’est pas comparable à un réalisme photographique, de s’approcher du phénomène de la peinture et aussi de celui de la nature. Ce serait une erreur de considérer automatiquement la réduction de ses œuvres en noir et blanc au seul moyen de style graphique.

liu liping steine im schnee

Liu Liping "Steine im Schnee" (c) Galerie Faeth

Dans la peinture à l’huile « Pierres dans la neige », ce sont les éléments picturaux qui déterminent le style : La couleur et l’espace dominent le trait. Les choses sont un peu différentes en ce qui concerne les « Lotus ». Liu Liping est spécialement avec cette œuvre en accord total avec la tradition asiatique du trait. D’un coté celui-ci analyse la contemplation de l’œuvre par le peintre lui-même pendant le processus de création, de l’autre, il analyse le phénomène de la contemplation tout court. Ces œuvres sont deux merveilleux exemples qui démontrent comment Liu Liping enrichit à sa façon et tout en douceur, la tradition chinoise de la peinture et du dessin avec un regard nouveau.

Yang Yang qui explore un large spectre de différentes techniques pour s’exprimer montre dans le cadre de cette exposition à la Galerie 99 deux œuvres remarquables : Ce sont des portraits quasi photographiques d’un petit garçon dont la tête est arrosée par le jet d’eau d’une douche.

yang yang shower baby 1

Yang Yang "Shower baby 1" (c) Galerie Faeth

En 36 x 36 cm, ils sont intitulés « Shower baby 1 » et « Shower baby 2 ». D’une part, Yang Yang se réfère avec son œuvre à la tradition de l’art du portrait européen qui a atteint son premier paroxysme pendant la Renaissance : L’action est réduite au portrait même, le fond est coloré et uniforme, ce qui a comme conséquence directe que le regard du visiteur est happé par le visage de l’enfant et uniquement par celui-ci.

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Yang Yang "Shower Baby 2" (c) Galerie Faeth

D’autre part elle relie cette tradition à un motif asiatique, car le petit garçon aux cheveux noirs est – malgré ses yeux fermés – très facilement identifiable comme appartenant à la race asiatique. La technique parfaite dont la peintre fait preuve est en soi fascinante, mais elle prouve aussi à quel point l’artiste a analysé ce genre. L’art de Yang Yang peut être considéré sans problème comme une sorte de grand écart entre l’est et l’ouest, même si la peinture réaliste est hautement considérée en Chine depuis l’arrivé au pouvoir des communistes. C’est la « privatisation » qui constitue un élément nouveau dans la peinture asiatique: De montrer un sujet dans son intimité est effectivement novateur et influencé – globalisation oblige – par des exemples du monde occidental.

Pan Ying issue d’une famille d’artistes dédie son œuvre à la représentation d’ethnies chinoises minoritaires.

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Pan Ying "Mi Minorität" (c) Galerie Faeth

« Yi Minorität » et « Tajik Minorität » sont deux de ses œuvres (encre et couleur sur papier). On pourrait presque considérer ces deux créations comme des documents historiques, tant les descriptions des détails des tenues traditionnelles des femmes sont précises. Mais en aucun cas on les attribuerait spontanément à une artiste chinoise. Le deuxième thème dont traite le travail de Pan Ying relève du domaine de l’abstrait : Ses encres montrent des bandes et tissages – deux sujets typiquement féminins.

pan yi tajik minorität

Pan Yi "Tajik Minorität" (c) Galerie Faeth

On peut recommander cette exposition qui se tiendra encore jusqu’au 28 mars non seulement aux amateurs de peinture mais aussi à toutes les personnes qui souhaitent s’initier à l’art contemporain chinois. Car elle propose un aperçu si large qu’en temps normal il faudrait se rendre dans des mégapoles pour trouver quelque chose d’équivalent. De plus, dans la Galerie 99 on peut se procurer des renseignements plus détaillés concernant les artistes. Une « plus-value » que les musées, en règle générale, ne peuvent offrir. On peut attendre les deux autres expositions du jubilé avec beaucoup d’impatience : La prochaine exposition proposera
les œuvres de 20 artistes peintres chinois, après cela, ce sera le tour de Yuan Yusheng qui est d’ores et déjà considéré comme une légende vivante dans son pays.

Ces dix premières années d’existence sont un petit pas vers l’éternité. Et en ce qui concerne la pérennité de la galerie, ce ne sont pas seulement des fondations solides que Peter Faeth a réussi à poser ainsi, c’est bien plus que cela !

Toutes nos félicitations !

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker

Le fil d’Ariane d’Angelika Summa

Le fil d’Ariane d’Angelika Summa

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Angelika Summa Plastik, "Halte mich auf dem Laufenden" (c) Wolf-Dietrich Weißbach

Le fil d’Ariane a permis à Thésée d’échapper au labyrinthe du monstre à la tête d’animal, le Minotaure. Après avoir tué le monstre, grâce au fil que sa bien-aimée lui avait remis et qu’il avait déroulé en s’engouffrant dans la grotte, il retrouva la sortie et la liberté sans encombre.

Quelques uns de ses derniers travaux sont exposés dans l’atelier d’un grand hall à Würzburg. Dans l’entrée, des sculptures de corps en métal accueillent les visiteuses et visiteurs.

Comme des pièces de design, tout juste décrochées de leurs supports, mais pas souples du tout, ils illustrent quel matériau l’artiste travaille : le métal. Pour être exact, il s’agit le plus souvent de fil de fer sous toutes ses formes. Elle en fabrique de très grandes sculptures, qui semblent malgré leur taille – grâce à leurs structures tissées – très fragiles. Le sculpteur Angelika Summa se voue corps et âme à ce matériau avec lequel elle travaille continuellement. Sous les flammes de son fer à souder se forment des pyramides, des boules, des cuboïdes, mais aussi des vêtements qui n’habillent rien ni personne. Avec son travail elle réussit à rendre visible une poésie très féminine, qu’elle transpose en un très grand format sculptural. Elle soude ses pensées, ses associations et ses enchaînements d’associations dans du métal. Que ce soit par des enquêtes plus profondes ou par les noms qu’elle donne à ses œuvres, tout cela amène les admiratrices et admirateurs plus loin que peut le faire la simple perception esthétique, la première impression. Comme si nous suivions le fil invisible, pas à pas se dégagent des relations et des significations profondes. « Unruhekissen » – le coussin du non-repos – serait un exemple de cette idée ayant pris une forme métallique de coussins qui empêchent de dormir. Ou « anticorps », des fils de cuivre que l’on ne voudrait surtout pas approcher de trop près. L’une de ses dernières œuvres, « Think Tank » peut être considérée comme un pars pro toto, un exemple qui explique la totalité de ses créations permettant ainsi de plonger dans sa conception artistique.

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Angelika Summa, Plastik "Think tank" (C) Wolf-Dietrich Weissbach

“ Think Tank – the message is inside” est le titre de la sculpture que l’artiste Angelika Summa a créée pendant le symposium à Schweinstall en 2009. D’une part cette œuvre porte indéniablement son écriture artistique et d’autre part, après une première impression on découvre une structure d’une profondeur telle, qu’il est pratiquement impossible de l’explorer dans sa totalité. D’épaisses cordes métalliques se posent les unes par-dessus les autres, les unes dans les autres, comme d’innombrables circonvolutions cérébrales au dessus d’un centre stable, formé de cubes. La grande forme, un cube haut de deux mètres dans lequel s’inscrivent ces tortillements reprend le petit cube du centre, même si ses bords ne peuvent être retracés avec une règle. En règle générale on désigne avec « Think Tanks » des « usines de pensées » qui se rencontrent pour réfléchir ensemble aux différents problèmes de la société et pour trouver des solutions. Mais ces solutions ne sont pas automatiquement réalisées. Think Tanks ont besoin d’une entité supérieure qui donne vie à ces idées et qui les rend actives. On peut retrouver tous ces différents niveaux qui peuvent être considérés comme une possibilité d’interprétation dans l’œuvre d’Angelika Summa. Ce fait est illustré par la façon dont s’imbrique le tout autour d’un centre bien défini dans le « Think Tank » de l’artiste.

L’endroit où se trouve ce travail, à savoir devant le cimetière de Queidersbach, évoque encore d’autres contenus de cette œuvre. Le nom « programmatique » donne bien une direction de pensée, comme c’est le cas pour toutes les œuvres de Summa, mais ne restreint en rien l’interprétation de ceux qui les contemplent. A cet endroit qui se prête à s’interroger sur les questions clés de notre vie, la sculpture de Summa renforce le processus de réflexion : En quoi consiste au fond le centre de nos propres pensées et de notre propre vie ? Est-il possible d’entrer dans les pensées d’un autre être aussi proche de nous soit-il ? Y a-t-il un sujet, une idée une motivation « derrière » ou « devant » toutes ces pensées ? Le centre de toute pensée est-il l’amour ou la haine ? Est-ce que ce sont les conséquences, nos actes, qui sont le résultat visible du processus d’assimilation qui restent dans notre « black box » ? Et si c’est le cas, est-ce que ce constat influe sur nos comportements, sur nos relations aux autres ? Le Think Tank pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Les pensées semblent être infinies – comme les tortillements du fil de fer, sans début ni fin.

Le métal, les fils qui constituent les sculptures vont rouiller avec le temps. Mais le noyau autour duquel tout s’articule résistera plus longtemps à la corrosion grâce à un traitement spécial. Ce processus de vieillissement fait intentionnellement partie de la conception de l’œuvre et s’approche donc de mouvements comme le « land-art », où la modification de l’œuvre artistique est partie intégrante de sa perception et de son processus d’expérience. Il permet aussi le parallèle à notre propre disparition et rend une étincelle d’espoir possible. Un espoir relatif à notre propre centre, notre noyau qui semble être prisonnier entre la tension de l’éphémère et la vie éternelle.

Angelika Summa tient son fil d’Ariane fermement dans sa main. Mais elle offre à chacune et à chacun la possibilité de partir pour un voyage de découverte vers l’intérieur profond de son labyrinthe artistique dans lequel il n y a pas de Minotaure mais plutôt des prises de conscience qui finissent par nous accompagner en toute sécurité à l’extérieur – dans nos propres labyrinthes de vie.

Du 28 février au 31 mars vous aurez une autre occasion de faire connaissance avec les œuvres de Summa : Au hall des machines Zeche Scherlebeck à Herten, seront exposées des œuvres récentes de l’artiste. Cette exposition s’intitule : « Travaux manuels »

D’autres informations : href= »https://www.herten.de/index.php?id=2570″ target= »_blank »>hier

Le hp de Angelika Summa: https://www.angelika-summa.de/index.html

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker

L’écriture visuelle – Saul Steinberg

L’écriture visuelle – Saul Steinberg

Le Musée Tomi Ungerer à Strasbourg montre jusqu’au 28 février une exposition temporaire, dédiée au caricaturiste et dessinateur Saul Steinberg (1914-1999).

Saul STEINBERG, Parade, 1952, technique mixte sur papier, 36 x 57,5 cm. Collection M. et Mme Niemann  © The Saul Steinberg Foundation/ARS, ADAGP Paris 2009 © Musées de la Ville de Strasbourg/ Mathieu Bertola

Saul STEINBERG, Parade, 1952, technique mixte sur papier, 36 x 57,5 cm. Collection M. et Mme Niemann © The Saul Steinberg Foundation/ARS, ADAGP Paris 2009 © Musées de la Ville de Strasbourg/ Mathieu Bertola

L’exposition réunit 135 œuvres prêtées par 41 propriétaires, dont le Vitra Design Museum et le Centre Pompidou. L’artiste né en Roumanie a révolutionné la caricature. Il s’est détourné de la surface pour construire son univers le long de la ligne. Après avoir étudié la philosophie et la littérature à Bucarest,  Steinberg est parti pour Milan pour y faire des études d’architecture. En 1942 il est contraint de quitter l’Italie pour les Etats Unis. C’est en Amérique que commença sa collaboration fructueuse durant une cinquantaine d’années avec le journal le « New Yorker » pour lequel Steinberg a fait environ 1200 dessins.

Sa manière réduite, développée à partir des lignes de contour et son propre langage visuel qui se compose de raccourcis facilement compréhensibles ont conquis l’Europe et influencé des générations de graphistes. Son premier livre intitulé « All in line », paru en 1945 a fait l’effet d’une bombe chez les illustrateurs de l’époque. Cette œuvre a marqué le début d’un changement de style dans le monde entier.

Abstraction faite d’une présentation dans la  fondation « Henri Cartier-Bresson » cette exposition est la première rétrospective de son ouvre dans un musée en France organisée avec l’aide de la « Saul Steinberg Foundation ». Elle montre ses créations à travers toutes les époques, classées par thème. A l’intérieur de ces thèmes on reconnait un certain nombre de motifs récurrents et les incursions de Steinberg dans le domaine des beaux arts. On peut voir des dessins, bien entendu, de « faux documents », des masques fabriqués avec des sacs en papier et des paysages. Steinberg n’est pas seulement caricaturiste, il ne fait pas que se promener tout en faisant des clins d’œil, mais il travaille en utilisant la critique sociale. Subtilement il traite de l’»American dream of life » dans un grand nombre de ses feuilles. Des femmes « pomponnées », perchées sur de hauts talons ou alors des hommes, raides comme des piquets avec des hauts-de-forme vissés sur la tête représentent une société qui ne trouve ses repères que dans le paraître. Des vues denses de New York à travers lesquelles transparaît la formation architecturale de Steinberg sont « garnies » de quantités d’hommes, minuscules, semblables à des fourmis qui semblent miraculeusement retrouver leur chemin dans cet imbroglio de maisons. Dans une immense arène, l’oncle Sam rencontre une dinde géante et des « têtes sur jambes » masculines et féminines qui s’exercent dans l’art de la petite conversation en participant à des cocktails très chics.

Saul STEINBERG, Passport, c. 1952, encre, tampon et collage sur papier, 36,5 x 29 cm. Collection particulière, Allemagne  © The Saul Steinberg Foundation/ARS, ADAGP Paris 2009

Saul STEINBERG, Passport, c. 1952, encre, tampon et collage sur papier, 36,5 x 29 cm. Collection particulière, Allemagne © The Saul Steinberg Foundation/ARS, ADAGP Paris 2009

Son départ de l’Italie fasciste devait rester un souvenir traumatisant pour Steinberg tout au long de sa vie. Il consignait ces évènements en établissant une série de documents et de témoignages dédiés à ses amis. Alberto Giacometti, Henri Cartier Bresson,  Le Corbusier et tant d’autres recevaient ces documents. Par la même occasion c’était une démonstration magistrale du coté absurde des papiers d’état officiels.  Dans ce cas, le souverain aux yeux de Steinberg, c’était lui-même – et non pas l’état. Et à ce titre il apposait un grand nombre de cachets et de signes tarabiscotés sur ces papiers qui font penser parfois aux documents de nomination du baroque. Rien que ces travaux montrent clairement avec quelle aisance Steinberg franchissait la frontière qui le séparait de beaux arts. Ces assemblages des années 70 dans lesquels il réunissait des objets tels que des pinceaux et des crayons en sont des exemples supplémentaires. La collaboration avec Igor Stravinsky en 1967 à l’opéra de New York illustre encore une fois,  que ses travaux ne se heurtaient à aucune frontière artistique : C’est lui qui est à l’origine des quatre décors pour « l’histoire du soldat ».

Ses paysages peints dans les années 60 et 70, des aquarelles avec des horizons très bas, où l’homme semble presque perdu, montrent un Steinberg fondamentalement différent. L’une de ces peintures a fait la couverture du New Yorker. En la regardant de plus près, on reconnaît les personnages de « L’angélus » de Millet, représentés à l’infini. D’innombrables peintres s’épuisent devant leur chevalet autour du motif de l’angélus de Millet, véritable icône de l’histoire de l’art. Un signe très fort que Steinberg s’intéressait énormément à

l’histoire de l’art européenne tout en se comptant parmi ses protagonistes contemporains.

Saul Steinberg maîtrisait parfaitement la synthèse de la ligne et de l’idée. Une fois il expliquait que c’était sa main qui était déterminante pour le dessin et non pas sa tête. La ligne suivait sa main et l’idée qui naissait tout en dessinant était issue d’un processus plutôt inconscient que conscient. C’était certainement vrai en ce qui concerne les dessins que Steinberg faisait pour lui-même. Son travail pour le New Yorker en revanche exigeait bel et bien des idées et une conception précises avant même de commencer à dessiner. Aux Etats Unis Steinberg comptait en très peu de temps parmi les artistes reconnus. Ses travaux étaient exposés au MoMa à partir de 1946.

Saul Steinberg était également reconnu par ses pairs, les grands artistes contemporains de son époque. Ceci est illustré par quatre petites feuilles créées en collaboration avec Picasso lors d’une visite. L’une d’elle est montrée dans le cadre de cette exposition. Sur le bord droit de la feuille  on peut lire dans une sorte de listing compliqué que la partie supérieure de la feuille est l’œuvre de Picasso, la partie inférieure celle de Steinberg, ce qui rajoute une dimension  humoristique à cette réalisation. L’humour était pour Steinberg un moteur indispensable. Cela montrent aussi les « faux « objets comme par exemple une Leica en bois peint ou alors une boite à crayons bricolée avec l’inscription suivante : Fabrica Kilipiru, ce qui signifie « fabrique de la mauvaise qualité ». Une critique de la consommation truffée d’humour, plus actuelle de nos jours que jamais.

Saul STEINBERG, Sans titre (Leica factice), c. 1975, corde, bois et métal peints, 9,5 x 15,5 x 8 cm. Collection Fondation Henri Cartier-Bresson © Henri Cartier-Bresson/ Magnum  Photos © Henri Cartier-Bresson, ADAGP Paris 2009 © The Saul Steinberg Foundation/ARS, ADAGP Paris 2009

Saul STEINBERG, Sans titre (Leica factice), c. 1975, corde, bois et métal peints, 9,5 x 15,5 x 8 cm. Collection Fondation Henri Cartier-Bresson © Henri Cartier-Bresson/ Magnum Photos © Henri Cartier-Bresson, ADAGP Paris 2009 © The Saul Steinberg Foundation/ARS, ADAGP Paris 2009

L’exposition est le témoignage que cet artiste a été catalogué à tort uniquement en tant que caricaturiste. Grâce à de belles œuvres elle donne un aperçu de l’ensemble de l’univers complexe de Saul Steinberg.

Un catalogue accompagne cet évènement. Il contient entre autres une contribution très personnelle de sa nièce Daniela Roman sur son « Oncle d’Amérique » ainsi qu’un article intéressant d’Ian Topliss concernant les Vita Steinberg. (Saul Steinberg, L’écriture visuelle, Musées de la ville de Strasbourg, 2009)

Traduit de l’allemand par Andrea Isker

Grande l´exposition à la galerie nationale poul l´art contemporain de l`Albanie à Tirana pour Dalip Kryeziu

Dalip Kryeziu etait invité du directoire de la galerie nationale pour l´art contemporain de l ´Albanie, Rubens Shima, à arranger une grande exposition personnelle. L´exposition  se déroulera au musée fraichement renové du 19. novembre au 17. decembre et signifie un grand hommage pour l´art de Dalip Kryeziu. Ca sera le plus grande exposition de son oeuvre mais ne montrera pas seulment les tableaux anciens. Lors de la vernissage Dalip Kryeziu donnera une vue actuelle à sa creation et creativité et participera l´audiance à une action d`art unique.

[:de]Dalip Kryezius Studienreise und die Basis seines Werkes

[:de]Dalip Kryezius Studienreise und die Basis seines Werkes

dalip_kryeziu_skizzen

Dalips Studienreise

Dalip war, entgegen dem Berufswunsch seines Vaters, der ihn gerne als Arzt gesehen hätte, davon überzeugt, sein Leben als Maler gestalten zu können. Zwar besuchte er nach dem Abschluss der Schule noch ein Jahr die Pädagogische Akademie in Gjakova sowie ein weiteres die englische Universität in Prishtina, aber er ließ sich von seinem bereits gefassten Entschluss nicht mehr abbringen, Künstler zu werden. Er trug vom Beginn seiner Karriere an ein starkes Urvertrauen zu seiner künstlerischen Berufung in sich, welches ihm zugleich auch ermöglichte, seine Kunst innerhalb sehr kurzer Zeit so zu festigen, dass sie einen Wiedererkennungswert erhielt, der ihr bis heute inne wohnt. Allerdings musste er dazu zuallererst sein Heimatland verlassen.

Mit dem Wissen, sich überall auf der Welt seinen Lebensunterhalt als Porträtist verdienen zu können, wie er es bei den Malern in Porec kennengelernt hatte, begann er mit seinen Studienreisen, die ihn durch ganz Europa führten. Dabei lernte er hunderte von Menschen kennen, die ihm Portrait saßen. Ein künstlerisches Kapital, auf welches er sich seither verlässt, obgleich sich seine damaligen realistischen Porträts mit seiner späteren, künstlerischen Arbeit nicht vergleichen lassen. Und dennoch legten sie den Grundstein zu jenem Motiv, welches Dalip hauptsächlich beschäftigt: dem menschlichen Kopf.

Dalip besuchte Österreich, Italien, Spanien, er war in Frankreich, Großbritannien und den Beneluxstaaten und sog auf seinen Reisen auf, was er für seine Arbeit benötigte. Baudenkmäler, Museen, Galerien aber vor allem die Menschen des jeweiligen Landes erweckten sein Interesse. Er erlebte nun das, worauf er in seiner Kinderzeit ganz intuitiv aber ausgiebig vorbereitet worden war hautnah, das Leben in all seinen Facetten und zwischenmenschlichen Ausformungen. Wer im Ausland unterwegs ist, darf nicht stumm bleiben, wenn er sich unter die Leute mischen möchte. Dalip blieb nicht stumm. Neben seiner künstlerischen besitzt er noch eine zweite, ausgeprägte Begabung: nämlich jene, rasch Sprachen zu erlernen. Und so kam bei ihm mit beinahe jedem Land welches er besuchte, auch eine neue Sprache dazu, die er erlernte. Seine Muttersprache Albanisch spricht er genauso wie Serbokroatisch, Deutsch so fließend wie Italienisch, Englisch, Spanisch und Französisch ergänzen sein sprachliches Repertoire. Insgesamt fünf Jahre war er unterwegs, von 1984 bis 1989, zeichnete, machte Skizzen, verinnerlichte das menschliche Antlitz, sodass es ihm schließlich möglich war dieses so zu abstrahieren, dass es seine ureigene malerische Handschrift trug.

Dalips Zeit in Österreich

Dalip Kryeziu - Albanisches Portrait (Acryl auf Leinwand

Dalip Kryeziu - Albanisches Portrait (Acryl auf Leinwand)

1991 schließlich entschloss er sich in Österreich zu bleiben. Er zog zuerst nach Villach in Kärnten und knüpfte erste Kontakte zur dortigen Kunstszene. Was er präsentierte, war für sein Alter mehr als ausgereift. Der Mensch, das Porträt, der Kopf war sein Thema geworden oder besser geblieben. Durch den Einsatz seiner Skizzen, die er, egal wo er sich befand, auf kleinen Blöcken in Unzahl anfertigte, schuf er neben seinen Köpfen ein zweites graphisch-malerisches Ausdrucksmittel. Er setzte diese in die Zeichnung umgesetzten Gedankensplitter nebeneinander, verklebte sie mit der Leinwand und überarbeitete sie. Sein visuelles Tagebuch wurde so zu neuen, optischen Sensationsmomenten, wiederum abstrahiert von ihrem Ursprung. Vögel, Schafe, Menschen, Karren, Häuser tummeln sich so in großer Zahl auf der Fläche ohne für den Betrachter ad hoc erkennbar zu sein.

So wie das Gedächtnis gefordert wird, wenn es Ereignisse aufarbeiten muss, die in der Vergangenheit liegen, muss unser optisches Sensorium bei diesen Arbeiten von Dalip ebenso gefordert werden. Das „Sich-näher-mit-den-Bildern-beschäftigen“ bringt dann auch langsam mehr Klarheit. Diese Arbeiten sind erzählende. Sie berichten von seinen Kindheitseindrücken, seiner Familie, seinen Reisen. Sie erzählen von Beziehungen zwischen Menschen, von Einsamkeit oder sie geben ganz einfach Dinge wieder, die vor Dalips innerem Auge erscheinen. Somit teilt sich das graphisch-malerische Werk in zwei Bereiche, die gleichberechtigt nebeneinander existieren.