st-art 2009

st-art 2009

Actuellement et jusqu’au 30 novembre se déroule la foire d’art contemporain à Strasbourg. 80 galeries de 12 pays sont représentées, la plupart d’entre elles sont françaises. Comparé aux foires précédentes on constate que l’offre des galeries est en nette baisse, ce qui est certainement en rapport direct avec la crise financière actuelle. La foire, nouvellement sous la direction de l’historien d’art Patrick-Gilles Persin cherche à attirer le public cette année avec le thème particulier « l’art d’Istanbul » L’exposition « Rencontrer l’Europe – Istanbul » organisée par la société pour l’échange culturel européen « Apollonia » présente les débuts, l’évolution et les tendances actuelles de l’art vidéo contemporain. Malheureusement, Strasbourg n’a réussi à faire venir que trois galeries de la capitale turque. Ceci est du à l’agenda surchargé des galeries, qui devront être présentes à Istanbul même à partir du 3 décembre à l’occasion d’une foire.

La promenade à travers les différents stands confirme plusieurs tendances qui s’étaient déjà annoncées les années précédentes. L’art de la photo dans des formats géants, artificiellement gonflés est inexistant. La peinture – et plus exactement la peinture figurative a le vent en poupe. Une exception à la règle très agréable est la galerie Frank Pages, qui se démarque avec les travaux de l’autrichien Peter Weibel. Dans une petite série de photos, l’artiste passe la crise financière actuelle au crible « satirique ». On aperçoit la banque nationale autrichienne. Devant l’immeuble est garée une voiture de police. Au dessus de l’escalier qui mène à l’entrée on peut lire une banderole avec l’inscription : »interdiction d’entrer, scène de crime ». Weibel continue avec cette œuvre des travaux qui posent la question de l’absurdité des autorités.

« Das Dach der Welt » est une grande installation au milieu du stand de Pages. Il s’agit d’une grande table en verre posée sur un socle très large qui lui est constitué d’annuaires téléphoniques de Karlsruhe. De l’un et de l’autre coté de la table sont posées deux assiettes. A la place du fond, elles ont un écran qui montre des images d’Afrique et d’Europe vues du ciel. Les deux cuillères, dont les manches sont aussi longues que la table, montrent que l’on peut se nourrir uniquement avec l’aide de la personne en face. Un travail complexe qui fait allusion aussi bien à la mondialisation qu’au conflit nord-sud. Weibel, détenteur de nombreux prix et distinctions enseigne depuis 1999 comme professeur au Musée d’art contemporain à Karlsruhe. C’est étonnant que malgré cette charge, il trouve encore le temps pour de nouvelles créations.

Une autre œuvre qui devrait trouver sa place dans un musée est le « Revolutionstisch » – la « table de la révolution, une plastique sociale – Leipzig 1989 » – créé par Edith Tar et Radjo Monk. C’est un « Ready-made ». C’est la table autour de laquelle étaient réunies 13 personnes au moment de la chute du mur. Elles discutaient de l’ouverture de l’Allemagne de l’est et des conséquences qui allaient en résulter. Frank Pages a pris un très grand risque en présentant ce programme. Sa présence à la foire est d’autant plus admirable.

Abstraction faite du funambule Pages quelques autres prises de positions se font remarquer, comme celle de la galerie parisienne Dufay/Bonnet : l’artiste Anne-Valérie Dupond montre des bustes d’hommes célèbres comme par exemple Beethoven ou alors d’hommes politiques. Ces bustes sont cousus en tissu blanc avec de grosses surpiqures en fil noir. Ces créations ont quelque chose de vivant, quelque peu démoniaque et invitent à réfléchir sur la fonction des monuments.

La Casart Gallery de Paris représente l’artiste belge Pierre Devreux, dont les sculptures sont des bleus de travails rembourrés et apprêtés. Son meilleur travail est sans aucun doute la mise en scène de deux petites tenues d’enfants posées sur un socle, face à trois dessins traitant du thème de l’habillement. Merci de me permettre ici de faire remarquer que l’autrichien Erwin Wurm avait déjà démontré à quel point l’approche de cette matière par un artiste ayant comme point de départ l’habit peut être intelligente.

La galerie coréenne « Han » montre l’œuvre silencieuse et très esthétique de Kim Eungki. Il met son écriture réduite aux traits noirs et aux points de couleurs sur des agrandissements d’encyclopédies d’art. On a donc du mal à reconnaître que dans le descriptif retravaillé par Kim Eungki il s’agit en fait d’informations concernant Matthias Grünewald.

Le mélange d’une peinture parcimonieuse et d’un fond d’histoire de l’art européen dérange, tout en étant apaisant. C’est la preuve, si besoin était, que les foires d’art permettent régulièrement de faire des découvertes qui en valent la peine.

L’entreprise Coop dans une démarche qui s’apparente au mécénat veut montrer cinq artistes alsaciens. Le tout est lié à un projet social. Chacun et/ou chacune des cinq artistes ont créé un motif pour un sac de courses en toile de jute. Ce sac est en vente à la foire ainsi qu’aux supermarchés « COOP » au prix de 5 €. Le résultat de cette vente est reversé pour financer des projets au bénéfice des chômeurs. Dans ce cas précis, l’art travaille main dans la main avec l’économie. C’est toujours louable quand cela a un sens.

Un jeune artiste prometteur qui doit être cité est Pierre Laurent à qui on a décerné à juste titre le « Prix des amis des Arts et des musés » Ses petits travaux en béton rappellent des détails d’architecture avec des volées d’escaliers qui montent et qui descendent. Son œuvre a une très grande valeur esthétique. Peut-être aura-t-on de ses nouvelles dans un avenir pas trop lointain.

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker

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