« A good story is like a fit knife » traduit : une bonne histoire est comme un couteau bien aiguisé. Anna Luca Poloni récite cette phrase au début et à la fin de sa production « Orlando Trip« , qu’elle a présentée pour la première fois en Autriche avec Christian Mair lors du festival « Europa in Szene », axé sur « Sea Change – l’art de la métamorphose« , aux Casematten de Wiener Neustadt.
Le spectacle cinématographique et musical, produit sous le label « Fox on ice », s’inspire de la tradition des « albums conceptuels » avec 12 chansons. Frank Sinatra, avec son album « Frank Sinatra sings for only the lonely« , est considéré à cet égard comme l’ancêtre de ce genre, dans lequel les différents titres se réfèrent les uns aux autres et suivent ainsi un certain « concept ».
« Orlando Trip » se réfère au célèbre livre de Virginia Woolf « Orlando » dans lequel elle raconte la transformation d’un chevalier médiéval en femme. Le fait que cette transformation s’étende sur une période de 400 ans souligne la construction fantastique de l’histoire. Le modèle a incité et incite encore de nombreux artistes à reprendre le sujet et à l’enrichir de leurs propres interprétations. Ce que l’on sait peu, même parmi les geeks littéraires, c’est que Woolf avait un modèle pour son texte. L' »Orlando furioso » de Ludovico Ariosto, datant du 16e siècle. Il est intéressant de constater qu’à notre époque, elle revient de plus en plus souvent sous différentes formes. Plusieurs adaptations cinématographiques, un opéra d’Olga Neuwirth, des adaptations de pièces radiophoniques, des performances de danse, mais aussi dans l’espace public, comme le Orlando project à Vienne, montrent clairement que le sujet offre encore suffisamment d’impulsions pour l’aborder de manière originale.
Christian Mair et Anna Luca Poloni alias Anna Maria Krassnigg le font à leur manière, qui est très reconnaissable. Des séquences filmées par Christian Mair s’imbriquent avec les textes d’Anna Luca Poloni, chantés par elle, mais aussi en partie récités à la voix. On est étonné de voir à quel point le couple d’artistes est polyglotte dans cette production. Les textes sont en grande partie écrits en poésie anglaise, un exercice que seuls les écrivains dont l’anglais est la langue maternelle maîtrisent généralement. Il y a aussi des inserts en italien et en français qui soulignent la touche internationale de la mise en scène.
Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le sujet au préalable, mais Orlando Trip fait en sorte que l’on se tourne ensuite volontiers vers le livre de Woolf pour le lire pour la première fois, mais aussi pour le relire. C’est un fait que l’on retrouve souvent dans les productions de ‘wortwiege’. Cela montre bien que l’une des missions principales de ce théâtre est de transmettre la littérature. Qu’il s’agisse de drames ou de sujets dramatisés. Sensuel, joyeux, théâtralement réalisable – ce sont les critères qui déterminent l’acceptation et la mise en œuvre du wortwiege. Sans oublier : digne de discussion.
Dans « Orlando Trip », les compositions de Christian Mair oscillent entre des chansons douces, souvent teintées de noirceur et de lyrisme, et des vers d’oreille rock, rythmés, voire pop. Les interprètes suivent le parcours d’Orlando, l’étayent avec des visuels actuels de nombreux pays différents et ouvrent des fenêtres sur des mondes de rêve. Le thème principal est la transformation physique, mais pas psychique, qu’Orlando opère dans son sommeil sans sa participation active. On assiste à la découverte de ses sentiments et de son amour pour Sasha, qui le laisse tomber au moment décisif. On suit son intérêt pour la littérature, qu’il maintient plus tard en tant que femme comme un élixir de vie. Et on s’étonne de la résistance de la femme Orlando, qui sait garder son indépendance malgré son mariage et son fils.
Le rayonnement androgyne d’Anna Luca Poloni dans cette mise en scène soutient la fluidité entre les frontières des sexes. Malgré son apparence délicate, on ressent une force permanente dans l’interprétation des parties masculine et féminine, qui semble être indépendante du sexe. Le jeune Orlando se tourne naturellement vers la littérature après son désastre amoureux dans son émigration intérieure. Indépendant financièrement, il ne se pose même pas la question de savoir s’il peut et a le droit de le faire. Mais on peut aussi ressentir de manière authentique l’étonnement féminin face aux jeux entre hommes et femmes. Quand Anna Luca Poloni chante « dimmi, Capitano », elle évoque aussi la fascination féminine pour l’uniforme. Mais en même temps, elle transmet à chaque instant une volonté de liberté irrévocable qu’elle conserve même après s’être transformée en femme.
Christian Mair, avec sa guitare électrique, est une sorte de roc dans la mise en scène. En donnant le rythme, il réussit à donner à sa partenaire une telle liberté de jeu qu’ils apparaissent tous les deux sur un pied d’égalité dans la perception du public. Une situation que l’on rencontre rarement dans le monde des concerts, mais qui fonctionne ici de manière symbiotique.
« Pourquoi s’unir ensemble ? Est-ce la volonté de la nature ? » chante Orlando à un moment donné, soulevant ainsi la question de la cohabitation et du mariage en tant que phénomène socialement consolidé. Contrairement aux débats actuels sur le genre, la transformation d’Orlando est totalement sans friction, presque naturelle, tout au plus étonnante. C’est le plus grand mérite de cette production que de montrer cette possibilité pacifiste, même si elle est hypothétique.
Dans le cadre de l’initiative « Sea Change« , « Orlando Trip » a été et sera projeté dans de nombreux pays européens. On aimerait bien assister à chacune des représentations à l’étranger afin de pouvoir suivre les différentes réactions du public. Lors de la première dans les casemates de Wiener Neustadt, « Fox on ice » a été applaudi frénétiquement.
Il y aura une autre représentation le 23 septembre.
Cet article a été traduit automatiquement par deepl.com
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