L’OPS est « humain » – est c’est bien!

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Heinrich Schiff (photo: Alexander Basta)

Au premier concert de l’année 2010, l’OPS, l’orchestre philharmonique de Strasbourg a du faire face à un défi de taille: Une semaine avant la représentation, l’invité, le chef d’orchestre Sir Andrew Davis a annulé sa venue pour cause de graves problèmes familiaux. Pour un orchestre qui a l’habitude de travailler avec beaucoup de chefs d’orchestres différents, ce n’est pas vraiment dramatique. Mais quand en plus il faut modifier le programme et qu’une partie du concert est remplacée par une autre, même des musiciens aussi routiniers que ceux de l’OPS commencent à transpirer. Si c’était réellement le cas, je ne saurais le dire. Mais que les membres de l’orchestre ont du faire face à un défi majeur, ça c’est sur!

Le chef d’orchestre autrichien Heinrich Schiff a remplacé Sir Davis à la dernière minute. Mais il a changé le programme et à la place de l’ouverture du concert OP 50 d’Edward Elgar il a fait jouer la suite de l’oiseau de feu n° 2 d’Igor Stravinsky dans sa version de 1919.
L’entrée en matière était faite avec la « Meditation and Dance of vengeance op 23 » de Samuel Barber. L’introduction scintillante, annonçant le malheur, était une démonstration de l’interprétation sensible du drame antique de Médéa par l’orchestre. La tension acoustique était en progression constante, de plus en plus menaçante. Il va de soi que la fin dramatique a permis de constituer toutes les chaînes d’association donnant accès à cette figure antique dramatique, qui a tué ses propres enfants pour se venger de son mari. Une fois de plus on pouvait s’adonner sans retenue au style de Barber au sens propre du terme. Même si l’orchestration était une version du ballet original de 1956, elle n’était pas avare en moyens stylistiques, aussi bien lyriques que dramatiques, qui flattaient l’ouïe du public ou alors qui lui faisaient dresser l’oreille.

A cette introduction sensible et impressionnante a suivi l’oiseau de feu de Stravinsky auquel Heinrich Schiff a donné vie de façon vigoureuse. L’oiseau merveilleux a déplié ses ailes d’entrée de jeu pour prendre son envol plein de grâce. La joie qu’éprouvaient les musiciens en collaborant avec ce chef d’orchestre pouvait se lire sur leurs visages. Schiff donnant le top pour le début de la danse d’enfer du roi Kastschej de façon inhabituelle en comptant à haute voix « toc-toc », amusait drôlement les musiciens – et pas seulement eux ! Que cela ne tienne ! Le chef d’orchestre cravachait à travers la musique endiablée de sorte qu’elle faisait littéralement des étincelles. Une fois de plus, dans des soli impeccables, les cuivres faisaient preuve de virtuosité. Schiff leur a fait honneur par des applaudissements particuliers. En accompagnant la berceuse à la limite de la perceptibilité, les instruments à cordes prouvaient qu’ils étaient capables de faire chuchoter leurs instruments tels qu’une voix. Un savoir faire d’une qualité suprême.

Le troisième morceau, la symphonie N° 3 en do-mineur, op 78, extrait de la symphonie pour orgue de Camille Saint-Saëns confirmait le choix du registre dramatique de la soirée. Comme c’était déjà précédemment le cas lors de représentations dans la salle de concert, celle-ci aussi souffrait de la qualité de son médiocre de l’orgue électronique joué par Thierry Escaich. D’autant plus brillants étaient alors les passages du piano. Eux en revanche sont pratiquement inaudibles lors des représentations dans des églises avec un grand volume d’écho.
Les violoncellistes étaient visiblement très motivés dans ce morceau. Ce n’est guère étonnant, car Schiff a la réputation d’être parmi les plus grands sur cet instrument sublime. De l’avoir en personne devant soi comme maestro doit avoir un effet plus que stimulant sur les musiciens et musiciennes. Une circonstance qui mérite d’être soulignée. Car spécialement les violoncellistes n’ont non seulement montré aucune dissonance, si petite soit elle, mais ils ont fait preuve également d’un engagement artistique énorme. De les voir franchir un palier supplémentaire était impressionnant. Que quelques toutes petites faiblesses étaient perceptibles chez les cornistes soit seulement dit en passant pour clore cette critique. Une soirée parfaitement réussie ou l’OPS a eu le droit pour une fois d’être …….humain!

Texte traduit de l’Allemand par Andrea Isker.

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