Juste avant les vacances d’été, le public de concert strasbourgeois s’est encore une fois rendu dans la grande salle « Erasme » pour profiter des cartes postales musicales italiennes et bohémiennes au programme ce soir-là.
La symphonie n° 4 – l’italienne – de Félix Mendelssohn et la symphonie « anglaise », la symphonie n° 8 d’Antonin Dvorak ont fait en sorte que les pensées du public s’évadent à la campagne, avant même que les vacances commencent !
Au pupitre était le chef d’orchestre espagnol Enrique Mazzola à qui on avait auparavant déjà confié la direction musicale de l’opéra « Macbeth » à l’Opéra du Rhin.
La symphonie italienne de Mendelssohn porte son nom à juste titre, car dans cette œuvre, le compositeur a restitué des impressions, accumulées lors d’un voyage en Italie. La légèreté de l’été et la joie d’une vie insouciante, exprimées à l’aide des mélodies et des moments dansants, semblent nous parvenir tout droit du sud de l’Italie.
Mazzola a commencé son interprétation joyeusement, tout en légèreté. Elle était si légère qu’on avait l’impression que le premier mouvement tout entier était un poids plume.
Que nenni ! Plus le thème jubilatoire avançait, plus les musiciennes et musiciens ont réussi à faire entendre la structure accompagnatrice. Une joie immodérée régnait dans la salle, jusqu’à ce que, juste avant la fin du premier mouvement, Mazzola ait fait basculer les couleurs du son pratiquement dans la menace, pour ensuite, d’un coup de baguette, effacer ces allusions sombres immédiatement.
Dans les figures musicales répétitives, l’OPS a opposé clairement l’accompagnement des violoncelles et des basses aux violons : un véritable bienfait pour des oreilles exigeantes. Par endroits, Mazzola a travaillé avec des voix instrumentales pratiquement du même niveau. Un effet obtenu par la réduction voire l’augmentation subtilement maîtrisée du volume. Ce tour de passe-passe a donné une transparence unique à cette œuvre.
Dans le troisième mouvement, le son des instruments à vent était tendre et clair, sans pression, sans chercher à se faire valoir et justement pour cette raison, si touchant.
La verve et la puissance avec lesquelles Mazzola a fait traverser le dernier mouvement fulgurant, pratiquement « au galop », sans jamais paraître survolté, ont suscité des applaudissements adéquats.
Avec la symphonie n° 8 d’Antonin Dvorak, Mazzola a poussé encore un peu plus loin l’efficacité dans le domaine de l’analyse de partition, amplement prouvée avec l’œuvre jouée en début de la soirée. Dans son œuvre, Dvorak se réfère expressément à sa patrie « tchèco-bohémienne ». Cette symphonie porte le nom «l’anglaise», parce qu’elle a été jouée à Londres, quand Dvorak a obtenu le titre «docteur honoris causa».
Cette composition était une autre occasion de se réjouir d’avance des insouciantes journées d’été qui allaient venir. L’idée de confronter les deux œuvres était excellente. Les danses et les chants folkloriques de Dvorak ont montré rapidement que le compositeur n’a pas été en Italie, mais que la Tchéquie, où cette œuvre a été créée, offrait un charme pastoral tout à fait comparable.
Comme dans l’œuvre précédente, Mazzola a souligné les différentes dynamiques qu’offre cette œuvre à plusieurs reprises. Et ceci en l’espace de quelques mesures : Des diminuendi superbes qui auraient du finir logiquement par un silence, ont connu, concernant le tempo et la dynamique, des voltefaces à couper le souffle.
En appliquant de manière aussi conséquente les augmentations et les diminutions des volumes, Mazzola a montré que chez Dvorak, la joie et la tension cohabitent étroitement. De cette façon, le chef d’orchestre, en plus de son interprétation imagée et très variée, a parfaitement su restituer toute la richesse des idées musicales inhérentes à cette œuvre. Les thèmes de valse et les marches ont été une invitation à la danse et une occasion de plus pour les instruments à cordes et les instruments à vent de se montrer sous leur meilleur jour.
Enrique Mazzola dirigeant par cœur, avait la plus grande liberté de mouvement pour agir. Par son soutien de chaque rentrée, aussi petite soit elle, les musiciennes et musiciens se sentaient personnellement concernés, une circonstance indispensable pour obtenir cette transparence sonore précédemment décrite.
Ce concert était le dernier de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg avant la trêve estivale. Pour les inconditionnels strasbourgeois de la musique classique, c’est le début d’un passage «à vide» jusqu’au début de la nouvelle saison, en automne prochain.
Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker
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