Brigitte Engerer à Strasbourg

Engerer Brigitte par Anton Solomoukha 2008 2009 1

Die Pianistin Brigitte Engerer (c) Anton Solomoukha


Brigitte Engerer, une pianiste qui depuis des années s’est constituée un solide cercle d’admirateurs dans cette ville, s’est produite dans le cadre d’un concert spécial de l’OPS à Strasbourg.
Les œuvres de Chopin, Tchaïkovski, Rubinstein, Chostakovitch et Skriabine étaient au programme ainsi qu’en prime quelques suppléments, dont un morceau de Schubert particulièrement remarqué et remarquable.

Cette soirée avait un intérêt très particulier, car, une semaine avant, Evgeny Kissin a été invité dans la grande salle « Erasme ». Lui aussi a joué des œuvres de Chopin. Que les deux artistes appartiennent à des univers totalement différents était évident en écoutant leurs deux prestations. Kissin vit ses émotions totalement et les exprime, alors qu’Engerer joue dans un style qui privilégie de belles mélodies et une harmonie générale. On pourrait définir sa musique comme une musique de salon, destinée à réjouir l’auditoire en mettant sa beauté en avant, sans accentuer les aspérités inhérentes à l’œuvre. Le jeu de Kissin qui fait partie de la plus jeune génération semble déborder d’émotion, alors que la prestation d’Engerer est épurée et descriptive. Quelques sombres passages dans les sept nocturnes étaient esquissés, jamais explicitement soulignés. La pianiste ne proposait pas non plus une interprétation personnelle de « l’Album d’enfants » de Tchaïkovski. L’artiste respectait plutôt strictement le tempo et les indications de volume du compositeur, soulignant ainsi le coté instructif de l’œuvre.
Le véritable amour et la force d’Engerer trouvaient leur expression dans des pièces de musique telle que la polka de Chostakovitch qui est basée sur un rythme de danse. Fraîche et libre, sans coté dramatique exagéré, sans ombrages sombres, elle livrait à cette occasion et surtout lors des rappels le genre de prestation que le public français apprécie tant. Elle jouait de façon impressionnante, et non seulement d’un point de vue technique, la « Nocturne pour main gauche » écrite par Skriabine dont le médecin lui avait conseillé de ne pas utiliser la main droite. Sa Schubert-Liszt-paraphrase allait directement au cœur du public.
Un concert de piano qui semblait appartenir à une autre époque.

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker

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